QUAND L’INGÉNIEUR DU SON S’EN MÊLE...

par Josine Le Roy, Illustré, 1939 (in Musique Vivante - Musique en liberté, p. 140)

 

Tous les grands postes : Radio Paris, BBC à Londres, à Berlin, ont institué cette fonction appelant à occuper un musicien consommé dont le rôle est désigné par le terme de « régisseur musical ». Sans attendre l’inauguration de la Maison de la Radio qui se construit et où les six Studios installés seront tous munis d’une cabine de régie du son, Radio-Genève a choisi celui qui sera titulaire de ce poste délicat : il a déjà commencé son service, pour tous les spectacles ou concerts donnés au Grand-Théâtre.

C’est à Roger Vuataz, musicien et compositeur de grande valeur, qu’on a fait appel, et certes nul mieux que lui n’était qualifié pour ce poste exigeant une vaste culture et un esprit largement ouvert. […] Son grave visage s’éclaire d’un sourire plein d’esprit et de bonté. Il reflète son idéal élevé et sa ferveur pour tout ce qui est grand et beau. Épris de musique ancienne et de chanson populaire, il n’en a pas moins l’esprit largement ouvert à la musique de notre temps et ses œuvres sont empreintes du modernisme le plus intéressant […] toutes les formes musicales retiennent son attention.

Au Grand-Théâtre, c’est au niveau de la troisième galerie que se trouve la petite cabine de l’ingénieur du son ; on y accède par une petite échelle, de là, l’ingénieur du son surveille la scène, partitions devant lui et potentiomètres à portée de mains. Sur la scène : les microphones, dont il a vérifié l’emplacement pendant les répétitions. Une centrale téléphonique relie le régisseur à la scène, aux coulisses, au chef d’orchestre, ainsi qu’au Studio de Radio […]

Tout au long d’un concert, il faudra « prévoir » les intentions du chef, la venue de telles notes qui, par une interférence peu mélodieuse pourraient nuire, tenter d’atténuer tel passage qui, pour la salle doit être donné fortissimo et ferait un effet désastreux, transmis dans toute sa puissance par la Radio, ou à tel autre passage un registre instrumental doit être mis en valeur. C’est donc un rôle de dosage minutieux, intelligent que celui du « metteur en ondes » - travail qui demande donc un très profond sens musical et une culture poussée.