Pédagogie

Dans cette section se trouvent deux exposés pédagogiques de Roger Vuataz.

 

1.- À PROPOS DES CONCERTS DE CARILLON, le 17 août 1933, Journal De Genève

2.- INTRODUCTION AU COURS D’INITIATION MUSICALE, octobre 1936

 

À PROPOS DES CONCERTS DE CARILLON, le 17 août 1933, Journal De Genève

Au moment de la réfection du carillon de St-Pierre, il y a trois ans – sauf erreur – notre collaborateur, M. Ulysse Kunz-Aubert, a renseigné nos lecteurs sur l’historique et le montage de cet instrument musical, dont le rôle dans la vie publique joint si intimement l’utile à l’agréable.

Entre les deux tours de la cathédrale, directement sous la flèche, en plein air, sont installées la grosse cloche qui sonne les heures et les seize petites du carillon, mises en vibration quatre fois l’heure, les quarts y ont aussi leur chanson. Tous ces corps sonores sont fixes. A l’extérieur de chacun d’eux, deux marteaux se tiennent à fleur de bord, reliés par des câbles au mécanisme de l’horloge. (Il y a deux marteaux pour permettre la répétition rapide d’une même note de la mélodie). À l’intérieur des cloches, le battant est maintenu dans une position inclinée, à trois centimètres de la partie évasée de la panse ; il est relié par un câble au clavier manuel du carillonneur. Mécanisme d’horloge et clavier manuel sont à l’étage au-dessous, à l’abri des intempéries, mais non point des pigeons. Au centre, dans une grande cabine vitrée, l’horloge du carillon automatique règne solennelle et sereine, accomplissant son travail minutieux sans joie ni passion. Une toute petite console, comme un piano pour poupée, se tient craintivement près de la porte, prête à déguerpir au premier geste du monstre à roues dentées, quand il lui plaira de prendre toute la place. C’est le clavier du carillonneur. Au fait, le clavier est double ; pour les mains, il comprend seize touches (larges comme deux touches de piano et s’enfonçant d’autant) ; pour les pieds, six touches qui doublent les six touches graves du clavier supérieur. C’est un pédalier. 

En abaissant les touches d’un clavier, on tire le battant contre l’airain qui retentit avec une intensité proportionnelle à la force de votre pression. Pour obtenir un son net et propre, il faut percuter la touche assez violemment et la laisser remonter aussitôt, afin que la vibration du métal de soit pas paralysée par un contact insistant du battant. À cet exercice les doigts se retournent ; aussi n’est-ce pas avec un doigt que l’on joue. Deux ou trois doigts solidement réunis au bout de l’avant-bras qui sert de manche, voilà le marteau !

Musicalement les seize cloches donnent la série chromatique des sons allant du la (l’octave en-dessous du la du diapason) jusqu’au ré (au-dessus du diapason) ; pour être complète, il manque à cette série les si bémol (ou la dièse) et mi bémol (ou ré dièse) graves. Cette absence est en effet grave, car elle rend le jeu d’une quantité de mélodies impossible elle oblige à modifier l’harmonisation des airs les plus connus, à éviter des modulations qu’on attend ; la plupart des chants populaires n’y sont exécutables que toujours dans les mêmes tonalités : do, fa, ré, sol, ce qui risque de rendre un concert monotone si l’on ne prend garde d’enchaîner les morceaux selon un ordre tonal contrastant. Ces faits expliquent pourquoi certaines mélodies aimées ne tomberont jamais des tours de Saint-Pierre sur la tête des Genevois.

Le carillon est un instrument diatonique par excellence. Les mélodies basées sur l’arpège sont les plus favorables. Le chromatisme n’est pas agréable à cause de la longue résonance. On peut facilement jouer des pièces à deux voix, avec quelquefois des accords de trois ou quatre sons, à condition que ces troisième et quatrième notes puissent se faire sur le pédalier. J’ai dit plus haut que, jouées à la main, certaines cloches sont moins fausses qu’avec le mécanisme de l’horloge. Cela provient de ce que le battant, à l’intérieur, ne frappe pas le bronze au même point que les marteaux extérieurs et peut, de la sorte, déterminer un son légèrement plus haut ou plus bas, bien que, théoriquement, une cloche ne rende qu’un son fondamental à une température donnée. Pour les concerts de carillon que le Conseil administratif de la Ville de Genève organisera dorénavant quatre fois l’an, je constitue petit à petit un répertoire de chants populaires et religieux, de compositions originales spécialement adaptées à notre instrument. Je serais heureux que les compositeurs genevois lui consacrent quelques-unes de leurs mélodies les plus carillonnistiques !

Roger Vuataz, le 17 août 1933, Journal De Genève

 

 

INTRODUCTION AU COURS D’INITIATION MUSICALE, octobre 1936

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Introduction au cours d'initiation musicale (octobre 1936)
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